• Propos indignes du Préfet de la région Centre sur les sans-papiers.

    Libération Orléans s'indigne, dans cet article, des propos duQui suis-je ? nouveau Préfet de la région Centre au sujet des sans-papiers.

    En gros, le Préfet, Gérard Moisselin, avance l'idée que les sans-papiers ont tendance à enjoliver (ou plutôt empirer) l'état de leur situation afin de pouvoirs bénéficier de mesures leur permettant de rester sur le sol français.

    Le Préfet affirme que, bien souvent, des personnes en situation irrégulières feignent une maladie insoignables dans leurs pays d'origine pour bénéficier d'un droit de séjour sur le sol français. De même, il nous dit que des sans-papiers revendiquent un statut de réfugié alors même que, dans leur pays, la situation n'est pas aussi catastrophique qu'ils veulent bien le prétendre.

     

     

     

     

    Sur le fond, les propos du Préfet ne me choquent pas. Il est vrai, sans conteste, que pour pouvoir rester en France, nombreux sont les sans papiers à travestir une partie de la réalité afin d'obtenir un droit de séjour. Où est le problème à dire cela ? Après tout, c’est même plutôt flatteur pour les sans papiers : enfin, on les considère comme des êtres humains.

    En effet, vouloir modifier un peu la réalité pour pouvoir coller aux normes requises afin de rester en France, quand on vient d’un pays où on n’a strictement aucun avenir, c’est une réaction tout à fait humaine ! Leur reconnaître ce genre de faiblesse est plutôt sain ! Du moins, ça nous change de l’image habituel de l’étranger qui n'est souvent présenté que comme une donnée statistique pesant sur la fraternité de notre pays on liée à l'insécurité.

     

    Non, les sans-papiers ne sont pas des profiteurs sans âmes qui viennent nous piller. Ce sont des être humains comme nous qui se cherchent simplement un avenir et qui, souffrant des mêmes faiblesses que n’importe qui, sont parfois prêts à simuler pour avoir le droit de toucher du doigt une partie de leur rêve.

    On sait tous très bien qu’user de compassion aveugle face aux problèmes d’immigrations est tout aussi intellectuellement insoutenable que de croire que des frontières, fantasmées infranchissables, peuvent être misent en place. On connaît tous la seule et unique solutions aux problèmes de l’immigration : donner une perspective d’avenir dans les pays source d’émigration.

    En attendant d’arriver à cela - ce qui, je vous l’accorde, n’est pas pour demain - on ne peut que se contenter de faire preuve d’équité et de justice pour les migrants arrivants chez nous. Surtout quand le droit à la circulation est un droit de l’homme comme un autre.

     

    Comprenez moi bien, je ne suis pas ici pour vous dire que les sans papiers sont des enfoirés de menteurs qui simulent leurs problèmes. Je veux juste dire qu’ils sont humains et que, à ce titre, ils peuvent faire preuve de faiblesse.

     

    Ce que je trouve indigne, dans cette histoire avec le Préfet de région, ce n’est pas tant la teneur des propos (même si ça reste une odieuse stigmatisation...) que le fait qu’un préfet puisse, légitimement, les tenir.

    En effet, Si le préfet se permet de prononcer ces paroles, c’est parce que l’Etat a remis entre ses mains beaucoup trop de pouvoir en matière de droit de séjour et d’expulsion. L'Etat a fait du Préfet la pierre angulaire de sa politique migratoire. Lui qui devrait être un garant neutre de la légalité doit désormais émettre des avis sur l'avenir des sans-papiers qui tombent entre ses mains. En matière de politique migratoire, il est Le referant et, à ce titre, il doit s'exprimer sur ce sujet.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ce qui est intolérable, donc, ce n’est pas que le Préfet de région s’exprime, ni même, en substance, ce qu’il dit. Ce qui est intolérable, c’est qu’on ait décidé de lui donner la légitimité de prononcer ce genre d'avis alors que cette responsabilité de juger devrait incomber à la seule justice.

     

    Plutôt que de s’effaroucher sur ce qui est dit, je préfèrerai m’attaquer  à la qualité de la personne qui les prononce. Mon problème n’est pas de savoir si l’humanité des sans-papiers peut donner lieux à des débordement, mais de faire en sorte que, pour savoir à quelle sauce il doivent être mangés, on fasse pencher un peu plus la balance vers la justice, et moins vers l’arbitraire.


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